La saison des témoignages
Il y avait quelque chose de profondément obscène — obscène au sens métaphysique — dans le bureau vitré de Nathan Kalmann, PDG de SynapseTech, start-up devenue empire en moins de neuf ans. Le verre donnait à voir absolument tout : le moindre geste de sa main, ses colères, ses rires ; mais aussi ses hésitations, ses anxiétés de quinquagénaire. Le verre rendait tout visible, et pourtant rien n’était réellement vu. Nathan avait toujours pensé qu’il menait sa vie de patron sans effraction morale : pas de maîtresse, pas de plaisanteries douteuses (du moins, pas trop), pas de gifles sur l’épaule, pas de mains baladeuses lors des soirées d’entreprise. Il se croyait — ah, naïveté masculine ! — du bon côté de la ligne. Mais un matin d’octobre, alors qu’il étudiait son rapport trimestriel, la DRH entra avec ce regard que seuls ceux qui ont vu un pendu reconnaissent. — Nathan… Une plainte a été déposée. Voilà comment commença la chute : sur une phrase au ton chirurgical, dans un bureau trop transp...