Baltasar Gracian, "L'homme de cour"

L’homme de cour est un livre de préceptes de maximes, d’aphorismes . Il est écrit par Baltasar Gracian un jésuite espagnol du XVIIe siècle. C’est un livre d’un très grand cynisme décomplexé qui a souvent été rapproché de l’œuvre et du propos de Machiavel.

Ce livre peut nourrir la caricature que l’on fait des jésuites habituellement à savoir des personnes qui ont un rapport pragmatique à la foi catholique qui peuvent s’en éloigner à travers notamment la casuistique.

Ce texte sur le plan stylistique est un bel exemple de ce que l’on appelle le conceptisme. Dans la littérature baroque du XVIIe siècle ou plutôt du siècle d’or comme on dit en Espagne deux courants rhétoriques s’affrontent et se distinguent.

D’un côté le conceptisme auquel appartient Baltasar Gracian . Le conceptisme est une recherche très élaborée très raffinée du style mais avec une visée philosophique. il y a un propos une vision du monde une réflexion qui sont délivrés. De l’autre côté il y a le cultisme.

Le cultisme s’oppose au conceptisme . Le cultisme est lui aussi une recherche raffinée du style mais la rhétorique du cultisme ne sert aucun propos philosophique, aucune réflexion profonde. En effet le cultisme est à rapprocher de la préciosité en France ou du Parnasse.

Ce pragmatisme cynique vaut à Baltasar Gracian d’être mis à l’écart à la fin de sa vie. Il était très bien vu de la cour d’Espagne auparavant mais ses écrits très lucides sur la nature humaine et également très cyniques lui valent d’être mis à l’écart de toute forme d’institution.

L’œuvre de Baltasar Gracian a une postérité étonnante puisque depuis quelques années ce livre L’homme de cour, publié en 1647 est conseillé par des formateurs en management comme un très bon livre de développement personnel. Le cynisme qui lui était reproché au XVIIe siècle est devenu une qualité au XXIe siècle.


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