Barbey critique de Baudelaire
Barbey lecteur de Baudelaire ! Cela fait rêver ! Le dandy lecteur d’un autre dandy ! Barbey a lu avec plaisir les Fleurs du mal dès 1857 et y voit l’oeuvre d’un « Dante athée, un Dante venu après Voltaire ». Nous sommes en plein dans ce que Max Weber appelle le « désenchantement du monde ». Dieu n’est plus et laisse la place au diable et à la Matière mercantile et vaine.
Pour Barbey, la poésie de Baudelaire est un pharmakon (pour reprendre une expression platonicienne), à la fois remède et poison. Poison, c’est une évidence. Barbey voit un remède dans ce recueil d’une manière originale, ce que l’on peut appeler « la conversion par l’horreur ». Autrement dit, les présentations du mal doivent pousser le lecteur à se convertir au catholicisme. Barbey utilise le même procédé dans ses romans, notamment Les Diaboliques et L’Ensorcelée.
La présentation du mal doit forcer le lecteur à se convertir au catholicisme. Ce que précise Barbey à la fin de son article : Baudelaire doit soit se suicider soit se convertir au catholicisme. Barbey reprend cette expression vis-à-vis de Bloy et Huysmans des années plus tard, dans les années 1880.