Marcel Proust, "Les plaisirs et les jours "
Les plaisirs et les jours est un livre de jeunesse. Marcel Proust l’a écrit alors qu’il n’avait que 25 ans environ. C’est un recueil de nouvelles. C’est un livre qu’il va renier lorsqu’il écrira et publiera son chef-d’œuvre À la recherche du temps perdu. Mais Proust aura toujours un regard ambivalent sur ce livre de jeunesse. En effet il le renie mais en même temps dans certaines de ses lettres on sent une certaine nostalgie pour son style.
En effet Proust à propos du style qu’on lui connaît dans la Recherche parle de phrases enchevêtrées. On peut imaginer d’une manière à peu près certaine que Proust était en partie nostalgique du temps où il écrivait des phrases courtes, du temps où il avait un autre style.
Les plaisirs et les jours est un livre dans le titre est inspiré par Hésiode qui a écrit Les travaux et les jours. Les plaisirs et les jours est un livre de grand talent qu’il faut lire pour comprendre la genèse littéraire de Proust. Dans la même démarche il faut également lire Jean Santeuil même si ce dernier livre annonce déjà très précisément le projet de la Recherche.
Charles Maurras est un des premiers à reconnaître le talent littéraire de Marcel Proust. En effet à la sortie des Plaisirs et les jours il publie un article très élogieux. Charles Maurras écrit : « il faut même avouer que ces dons si variés ne ce contrarient point, mais au contraire forme un assemblage brillant et facile ». Proust s’en souviendra en 1919 lorsqu’il écrira à Maurras qu’il lui doit une reconnaissance infinie pour cela.
La première nouvelle du recueil, La mort de Balthazar Silvande, est une nouvelle bouleversante, très émouvante. En effet il s’agit des dernières années d’un musicien auquel on prédisait un grand avenir, dernières années vues à travers le regard de son jeune neveu. Ce texte est bouleversant. L’onomastique des lieux est imaginaire. C’est plus une rêverie symboliste qu’un récit réaliste.
Cette nouvelle serait très inspirée du style littéraire de Robert de Montesquiou. Même si on est loin stylistiquement de la Recherche, les phrases sont ici plus courtes. Cependant les thèmes (le temps qui passe, les occasions perdues, un certain rapport distancié et onirique au monde, au réel) sont comme les prémices des grands thèmes majeurs du futur chef-d’œuvre de Proust.