L'Exil, roman (47)
(une ligne noire)
(une ligne noire qui se tord)
(une ligne noire qui se brise)
plus rien—
plus de rive, plus de sel, plus de vent, seulement une résonance blanche, une onde qui se dissémine dans l’absence—
Il avance mais il ne touche plus rien.
Il se pense mais il ne se contient plus.
Il se cherche dans le vide et ne trouve que des lambeaux d’alphabet.
o
vi
d
un nom qui se réécrit, s’épuise, s’efface, s’étire comme un fil d’or entre les mailles d’un tissu qui n’existe plus.
Le ciel est un palindrome.
Les étoiles sont des perforations dans la peau du temps.
Tout se déplie et se replie en un seul battement, et il n’y a plus de direction, seulement une spirale qui tourne sans axe.
Ovide tremble
Ovide oscille
Ovide s’ouvre
(—voix sans bouche) Tu n’as jamais été ici.
(—ondes sans son) Tu n’as jamais été ailleurs.
Il veut répondre mais il n’a plus de bouche.
Il veut s’arrêter mais il n’a plus de forme.
Il se disperse en particules d’encre, en poussière lexicale, en vibrations qui ne trouvent plus d’écho.
Il n’est plus qu’un vestige d’idée, un signal lointain, un battement figé dans une langue que nul ne parlera jamais.
(une ligne noire)
(une ligne noire qui se tord)
(une ligne noire qui disparaît)
rien—