Dominus galaxiae



Chapitre I – In Nomine Domini

L’an 4312. Après la dissolution de la Fédération Terrienne et la chute des empires laïques, un vide immense s’est ouvert dans le cœur des civilisations stellaires. L’humanité, dispersée sur mille mondes, a perdu le sens. Et c’est dans ce néant que renaît l'Église.

Depuis la Cité Vaticane Orbitale, vaste station-croix suspendue au-dessus de Jupiter, le Saint-Siège réorganise l’univers connu. Ce n’est plus un simple culte : c’est un commandement. Le Corpus Ecclesiæ Stellaris a été fondé — une armée cléricale, mi-liturgique, mi-technologique, dirigée par le Souverain Pontife Céleste, Pie XIV.

Son objectif : réconcilier l’univers par la foi.

Ses moyens : les Évangéliques, croiseurs d’évangélisation ; les Inquisiteurs Stellaires, détecteurs d’hérésies cosmiques ; les Archivistes de Vérité, qui réécrivent les récits de toutes les espèces.

La croisade commence.


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Chapitre II – Ad Astra Per Crucem

Les premiers mondes tombent sans résistance. Les colonies humaines assoiffées de sens accueillent les missionnaires comme des sauveurs. Puis viennent les races non-humaines : les Xelgoths, les Aïrs, les Haërides. Tous sont confrontés à la même alternative : le baptême ou l’effacement.

Certains planètes résistent. La planète Arkhaïon, bastion de philosophie libertaire, brûle pendant cent jours. Sur Ganydros, les prêtres plantent une croix de deux kilomètres dans le sol rouge, après l’éradication des temples païens. Les chants grégoriens sont diffusés en boucle dans l’atmosphère.

Le Pape Pie XIV prononce alors l’homélie la plus célèbre de l’ère stellaire :

> « Nous ne venons pas pour asservir, mais pour purifier. Les étoiles sont des églises endormies. Nous les réveillons. »



Le rite devient empire. L’encens devient arme.


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Chapitre III – Lux Aeterna

Un jour, une anomalie est détectée à la frontière de l’univers connu : un système sans étoile, sans matière, mais rempli de voix. Là réside la Planète Négative, sorte de gouffre mystique où la foi disparaît — un puits d’athéisme absolu.

Le Vatican lance l’expédition ultime. Pie XIV lui-même embarque sur le vaisseau Gloria Mundi. Ce qu’ils trouvent là n’a pas de forme : un silence qui consume la pensée, une anti-parole qui corrompt les textes saints.

Face à cela, le Pape ne prie pas. Il se dépouille de ses ornements. Il descend seul dans la chambre obscure du monde.

Trois jours plus tard, il revient. Il ne parle pas. Il sourit.

Et l’étoile s’allume dans la Planète Négative.

Depuis ce jour, plus rien ne s’oppose à l’expansion de l’Église.


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Dernière ligne des archives vaticanes :

> L’univers a été sauvé. Non par l’épée. Mais par la croix. La dernière frontière a parlé latin.







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