L'Exil, roman (118)



Sous les cieux inhumains où s’éteint mon haleine,
J’errais, pâle captif, consumé de ma peine,
Quand soudain, dans la nuit des marais embrumés,
Ton spectre se dressa, doux visage aimé.

Ô frère ! dont la mort emporta la jeunesse,
Je crus sentir encor ton ancienne tendresse ;
Tes yeux luisaient d’un feu si tendre et si voilé,
Que l’exil s’abolit, que Rome a rutilé.

Ta main se tendait, blanche, et la brume glacée
Frissonnait à l’éclat de ta forme ressuscitée ;
Mais je n’osais toucher ton fantôme apaisé,
De peur qu’en un soupir tu ne fusses brisé.

Tu parlas : ta voix sourde, à peine une caresse,
Murmura dans mon cœur le secret de l’ivresse ;
Et tout ce que j’aimai, tout ce que j’ai perdu,
Revivait à travers ton regard suspendu.

Puis l’ombre t’a repris, comme un fleuve en colère,
Et j’ai tendu mes bras au vide de la terre.
Depuis, chaque matin, dans l’air froid et hostile,
Ton absence m’oppresse et ton image file.





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