Le style de Blaise Pascal

L’éloquence sert à instruire, à plaire mais aussi à faire plier (flectere). Blaise Pascal utilise surtout la dernière fonction : son écriture est celle de la véhémence et du coup de force. Paradoxe de l’entreprise pascalienne : pour défendre la foi chrétienne, pour atteindre la vérité chrétienne, il doit employer les séductions trompeuses de la musique langagière. Il ne s’agit donc pas seulement de convaincre mais également de persuader.

Il y a chez Pascal une recherche du discontinu et de la cassure. Les ellipses et coupures réveillent l’attention du lecteur. Elles peuvent donner lieu à de véritables suites de maximes. La rhétorique pascalienne s’extrait des recommandations stylistiques de son temps. C’est en cela qu’elle est originale. Pascal utilise beaucoup d’hyperboles, de redondances, de pléonasmes voulus, toutes sortes de figures déconseillées par les grammairiens de l’époque car considérées comme excessives.

Il y a chez Pascal une esthétique de la répétition, via l’emploi du polyptote ou de la dérivation. Pascal aime également employer les formules superlatives. Pascal cherche à imiter le style des prophètes d’Israël : on peut lire chez lui une sorte de pastiche d’Isaïe et de Daniel. Il a recours aux citations pour appuyer son propos et à ce qu’on peut appeler une sorte de rire sérieux.

Les Pensées de Pascal sont à la fois un poème et un théorème. D’où la forme originale du recueil qui suit « l’ordre du coeur » : « la disposition des matières est nouvelle » affirme Pascal. Il y a chez Pascal une utilisation particulière de la memoria : le lecteur doit pouvoir se souvenir des Pensées et de ses textes les plus importants. C’est pourquoi Pascal utilise la répétition : le lecteur doit mémoriser sans s’en apercevoir le texte qu’il lit. Philippe Sellier a une excellente formule pour résumer le style de Pascal : il parle de Pascal comme d’un « Isaïe géomètre ».


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