Babel : une critique du cosmopolitisme



1. Le récit de Babel : unité sans transcendance

Dans le chapitre 11 de la Genèse, les hommes décident de construire une ville et une tour « dont le sommet touche le ciel ». Le texte précise qu’ils avaient « une seule langue et les mêmes mots », et qu’ils cherchaient à se faire un nom, à éviter la dispersion sur la terre.

Ce projet d’unité universelle, apparemment harmonieux, est en réalité fondé sur l’orgueil humain : les hommes veulent atteindre le ciel par leurs propres forces, sans Dieu. C’est une unité construite à partir de l’homme seul, dans une logique d’homogénéisation, de contrôle, et d’auto-glorification.


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2. Le cosmopolitisme : unité abstraite, uniformisation

Le cosmopolitisme, dans sa version contemporaine, affirme l’idée d’une humanité unique, détachée des enracinements nationaux, culturels ou religieux. Il valorise une appartenance directe au genre humain, souvent au détriment des identités concrètes. Il peut, comme Babel, prôner une unité sans transcendance, une forme de globalisme où toutes les particularités sont dissoutes dans un grand tout indifférencié.

Dans cette perspective, la Tour de Babel apparaît comme la préfiguration d’un monde cosmopolite, qui veut établir une unité absolue — linguistique, politique, culturelle — en effaçant les différences fondatrices. Le risque est alors une unité totalitaire, qui ne respecte ni la liberté des peuples, ni leur diversité, ni leur rapport à Dieu.


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3. La réponse divine : la dispersion comme bénédiction

Dieu ne détruit pas les hommes à Babel : il les disperse, il brouille leur langue. Ce geste n’est pas une punition brutale, mais un acte de miséricorde et de limitation de l’orgueil humain. La pluralité des langues, des cultures, des nations devient ainsi une sauvegarde contre l’uniformité tyrannique.

La diversité, selon cette lecture, est voulue par Dieu. Elle oblige les hommes à l’humilité, à la reconnaissance de l’altérité, à la recherche de l’unité non dans la fusion, mais dans la communion. Ce n’est pas l’unité qui est mauvaise, mais l’unité sans Dieu, l’unité artificielle qui nie la richesse des différences.


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4. Une critique prophétique du mondialisme moderne

Ainsi, la Tour de Babel peut être lue comme une critique biblique du cosmopolitisme moderne, quand celui-ci prétend fonder une humanité abstraite, déracinée, sans mémoire, sans lieux, sans limites. C’est une alerte contre les idéologies qui veulent unifier le monde au mépris de ses âmes et de ses histoires.

La vraie unité chrétienne, à l’inverse, n’est pas Babel, mais la Pentecôte : là où les langues sont multiples, mais l’Esprit unique. Là où l’universel ne nie pas le particulier, mais le transfigure.





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